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Poème :
Il pleure dans mon cœur
" Il pleure dans mon cœur" est le 3ème poème de 1ère section sur 3 "Ariettes oubliées" de Romances sans paroles ".
Il pleut doucement sur la ville.
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
0 bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s'ennuie
0 le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui écœure.
Quoi ! nulle trahison ? ...
Ce deuil est sans raison.
C'est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine! |
Résumé :
Il pleure dans mon cœur est le texte III de la section intitulée "Ariettes oubliées". Une ariette est un terme de musique qui désigne une mélodie. La troisième des ariettes est une variation sur la mélancolie, un malaise que Verlaine cherche plus à lui donner une couleur qu'à exorciser. La transparence de l'eau et la limpidité des vers se fondent pour traduire le vide d'une conscience en proie à l'ennui. L'identification pluie/larme est la ligne directrice du poème. L'épigraphe de Rimbaud est douteuse. Au niveau de la structure, quatre strophes de quatre vers (strophe carrée)
Plan
de commentaire composé
I-Organisation du poème
-la découpe des vers
Six syllabes combinées sur deux vers reproduisent le rythme de
l'alexandrin. Le poème se découpe en quatre strophes de
quatre vers.
- Les répétitions
Dans chacune des strophes apparaît, en position forte à la
rime ou à la césure le mot cur. Pour éviter
la raideur, le poète fait varier le déterminant qui le précède,
"mon cur", "ce cur", "un cur"
ainsi que la position du mot dans le vers. Tout se fait écho dans
ce poème ciselé comme les ballades ou les rondeaux du Moyen-Âge
qui jouaient avec virtuosité de ce phénomène.
- Les oppositions
Il y a une double interrogation suivie d'exclamations qui
semblent leur apporter la réponse. La pluie apaise-t-elle ou exacerbe-t-elle
l'ennui ? laisse le lecteur dans l'indécision qui fait le charme
du poème.
- Le rôle de la ponctuation
Il y a un passage constant de l'interrogation à l'exclamation qui
se répondent d'une strophe sur l'autre. Strophes I et III, interrogations
et strophes II et IV exclamations. Aux questions, la pensée du
poète se heurte à un double vide que rien ne peut
combler. La seconde formule interrogative est elliptique : " nulle
trahison " ?....Et le point d'interrogation suivi de points de
suspension laisse le lecteur dans l'expectative. Il est probable
que le poète ne sait lui-même que penser et se demande s'il
est sûr de ne pas avoir été trompé (par Rimbaud
peut-être)
II. Musique du poème
- Le jeu des rimes
Pour les rimes, le poème repose sur quatre notes (eur, uie, son,
eine) et la reprise systématique de la même rime aux premiers
et derniers vers de chaque strophe. S'y ajoutent de nombreuses rimes intérieures,
au premier vers " pleure " et " cur", au vers
5 " bruit " et " pluie ", aux vers 9 et 10 "
pleure " et "cur" à nouveau.
- Le rythme
Le poème donne la sensation de monotonie et de répétition
de la pluie. Les mêmes mots et les mêmes sons régulièrement
repris reproduisent le bruit de la pluie, doucement répétitif.
- Le vocabulaire
Dès le premier vers apparaît un néologisme "
il pleure " qui reproduit le cliché d'une pluie de
larmes. C'est sur les ressemblance phoniques avec " il pleut "
que ce " pleure " tire sa force. Le sens et le son se renforce,
c'est de la pure poésie. " il pleure dans mon cur"
est une métaphore du chagrin.
III. Le thème de l'eau
- Fusion des verbes pleurer et pleuvoir
Tout le charme du poème consiste à nous faire confondre
la pluie et les pleurs et à nous situer, insensiblement
dans une autre réalité. Nous entrevoyons l'action de la
pluie une langueur qui imprègne le cur comme la pluie imprègne
les vêtements.
- Une musique de l'âme
L'identification des sensations pleurer et pleuvoir est
accentuée par l'effet sonore produit par la pluie. "Oh chant
de la pluie ", l'exclamatif " ô " valorise
le chant de la pluie qui peut-on penser berce l'ennui du cur
dans lequel " il pleure ". Mais le thème de la pluie
serait lié métaphoriquement non seulement aux larmes mais
à la douceur lyrique du texte. Il y a, dans la progression du texte,
un effacement progressif du prétexte à la mélancolie
(la pluie) au profit de la mélancolie elle-même, qu'atteste
la disparition de la pluie après la 2ème strophe. Observons
aussi la passivité des formules impersonnelles , il pleut, il pleure
- Échos de tristesse et de mélancolie
La note dominante du poème est le chagrin qui apparaît
d'emblée " il pleure ", est ensuite repris " deuil
" et confirmé par " peine". Mais ce chagrin doit
être modulé et il s'agirait plus d'une sorte de spleen sans
cause. Nous retrouvons dans ce texte le sentiment permanent de Verlaine
entre le chagrin et la douceur, une âme vidée
de toute motivation, une conscience aussi incolore que l'eau de
pluie.
Conclusion
C'est toujours la même fatalité, la mélancolie
qui l'emporte sur la raison. Le poème s'achève sur une
démission, un aveu d'impuissance et son pourquoi qui précède
les deux derniers vers reste sans réponse. Verlaine a su nous suggérer
à partir d'un lien entre la pluie et l'ennui, en soi des plus banals,
un sentiment subtil d'étonnement face à sa tristesse
qui nous fascine par sa douceur musicale.
Romances sans paroles
ARIETTES OUBLIÉES
I. C'est l'extase langoureuse.
II. Je devine, à travers un murmure.
III. Il pleure dans mon coeur.
IV. Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses.
V. Le piano que baise une main frêle.
VI. Cést le chien de Jean de Nivelle.
VII. 0 triste, triste était mon âme.
VIII. Dans l'interminable.
IX. L'ombre des arbres dans la rivière embrumée.
PAYSAGES BELGES
WALCOURT. CHARLEROI.
BRUXELLES. Simples fresques.
BRUXELLES. Chevaux de bois.
MALINES.
BIRDS IN THE NIGHT.
AQUARELLES
GREEN.
SPLEEN.
STREETS.
CHILD WIFE.
A POOR YOUNG SHEPHERD.
BEAMS.
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