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Pierrot ou Pedrolino, est un valet bouffon de la comédie italienne. Pierrot est candide, badin et a une certaine dose de bon sens. Son vêtement est blanc. Il est amoureux de Colombine la blanchisseuse dans certaines représentations.
Poème :
Clair de lune
Clair de lune est le 1er poème sur 22 du recueil "Fêtes Galantes"
La liste des poèmes des fêtes galantes
Votre
âme est un paysage choisi
Que vont charmant masques et bergamasques Jouant
du luth et dansant et quasi
Tristes sous leurs déguisements
fantasques
Tout
en chantant sur le mode mineur L'amour vainqueur et la vie opportune, Ils
n'ont pas l'air de croire à leur bonheur Et leur chanson se mêle
au clair de lune,
Au calme clair de lune triste et beau,
Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres
Et sangloter d'extase les jets d'eau,
Les grands jets d'eau sveltes parmi les marbres |
Les 22 poèmes de Fêtes galantes
1-Clair de lune
2-Pantomine
3-Sur l'herbe
4-L'allée
5-A la promenade
6-Dans la grotte
7-Les ingénus
8-Cortège
9-Les coquillages
10-En patinant
11-Fantoches
12-Cythère
13-En bateau
14-Le faune
15-Mandoline
16-A Clymène
17-Lettre
18-Les indolents
19-Colombine
20-L'amour par terre
21-En sourdine
22-Colloque sentimental
Plan
du commentaire composé
I- Le clair de lune prétexte
à un paysage intérieur. 1. Une âme paysage. 2.
Un paysage âme 3. La discordance.
II- Des personnages évanescents
1. Le modèle de la comédie italienne 2. La présence du
XVIIIè siècle français 3. Le décor de la fête.
III- Tristesse
et mélancolie 1. Gaieté et mélancolie
2. Tristesse et beauté
3. La majesté du décor
Commentaire
composé rédigé
A tous les moments de l'histoire et dans toutes les civilisations, nombre
de poètes ont chanté la lune. Le thème choisi par
Verlaine n'a donc rien de novateur. D'ailleurs ce poème inaugural
des Fêtes galantes s'inspire de paysages ou de scènes de
Watteau, de Boucher, de Fragonard et de bien d'autres artistes qui
ont traduit, avec leur sensibilité, l'insouciance et la légèreté
du XVIIIe siècle, et le caractère fictif de la fête. Pour Verlaine, la fête se trouve complètement imprégnée
d'une tristesse et d'une mélancolie qui épousent
a merveille le sentiment que l'on éprouve quand on se laisse aller
a rêver devant un paysage de Watteau, par exemple. Dans ce poème,
les personnages que l'on croise ne sont pas nommés et n'existent
que dans le monde du paraître, des apparences, du déguisement.
Car, derrière les masques, la mélancolie se révèle,
comme elle s'impose au poète qui va la capter et la transposer
dans son poème. Le monde féerique n'est finalement qu'un
leurre et symbolise la grande tricherie de la vie davantage
jouée que réellement vécue. Mais où se situe Verlaine dans ce poème? Dans l'apparence,
il reste à distance. En fait, le lecteur ne tarde pas a comprendre
qu'il s'agit là d'un artifice car, tout au long du texte, son univers
intime transparaît.
Dans "Clair de lune", le monde suggéré l'emporte
sur le monde décrit. En effet, si le lecteur découvre que
le paysage éclairé est celui des masques et des bergamasques,
il prend rapidement conscience qu'il est avant tout celui des sentiments
complexes et nuancés, des émotions et de tout un répertoire
intérieur qui s'ouvre sur un univers sensible très particulier
: celui de Verlaine.
I.
Le clair de lune, prétexte à un paysage intérieur
La première strophe évoque des personnages qui dansent au
clair de lune. Le décor est planté mais on sait déjà
que c'est dans l'âme qu'être et choses acquièrent
progressivement une place prépondérante. Ce madrigal (petite
pièce en vers, laudative, galante et précieuse) prend une
tournure paradoxale. Sur la fête viennent se plaquer des personnages
tristes. La deuxième strophe renforce la contradiction entre
la gaieté apparente et la prise de conscience de l'aspect peu probable
du bonheur. Les acteurs ne sont pas dupes. Pourtant on tente de
leur faire croire à la joie. Mais tout ne reste que comédie,
masques et déguisements. La troisième strophe place la nature
au premier plan, les personnages ont disparu, comme par enchantement.
Le clair de lune baigne le paysage d'une atmosphère de mélancolie
et de tristesse qui traduit bien l'état d'âme de Verlaine.
On note le caractère paradoxal de la construction du poème
qui présente des personnages et ensuite un décor
aussi vivant que les personnages. En effet, il est tour a tour calme,
triste, il fait rêver et sangloter d'extase. Tous ces termes se
rapportent a des êtres vivants. De plus, on retrouve dans le décor
comme dans les personnages une tristesse joyeuse, comme une indétermination
qui caractérise cet univers. Ce poème s'oriente dans deux
directions qui s'opposent. Cet hymne a la fête n'est en réalité
qu'un chant destiné a la mélancolie. Par cette supercherie,
le poète ménage ses effets. Si les deux premiers quatrains
laissent la part belle a l'ambiance de fête, le troisième
révèle le message essentiel du texte, c'est-a-dire l'extase
de Verlaine devant la beauté du paysage nocturne.
I-1.
Des personnages évanescents
Les personnages qui peuplent la première strophe nous sont
présentés par l'artifice de la synecdoque, "masques"
pour "personnages masqués". Ces êtres sont donc
réduits à la plus trompeuse des apparences. Les personnages
n'ont pas l'air de croire à leur bonheur, déguisant leur
âme comme ils ont déguisé leur corps. La mélancolie
sous-jacente est suggérée par l'adjectif triste, accentuée
par sa position en rejet puis minorée par l'adverbe quasi
qui le précède. Les "déguisements" dont
ils sont affublés rappellent les "masques" du vers 2.
Mais la tristesse des âmes n'empêche pas la fantaisie ni l'imprévisibilité.
L'atmosphère est celle de la comédie italienne, danses,
musique, costumes fantaisistes. L'assonance du son "an" dans
charmant, "jouant", "dansant" rappelle le battement
des pieds des danseurs. Mais l'allitération en t de "tristes"
et "fantasques" accentue la tristesse par la dureté du
son et tranche avec l'apparente insouciance de la fête qui ne devient
qu'une mascarade. Dans les deux premiers quatrains les termes "masques",
"luth", "dansant", "déguisements"
"chantant" appartiennent au champ lexical de la fête.
Mais plusieurs indices nous montrent que derrière ce cadre féerique
se profile un bonheur dominé par le doute, suggérédans
la deuxième strophe. La troisième strophe nous permet de
lever le paradoxe. On s'aperçoit que la fête est terminée.
La tristesse et la mélancolie ont gagné le paysage, le songe
des oiseaux, les jets d'eau qui "sanglotent".
I.2.
Tristesse et mélancolie
Le dernier quatrain entièrement consacré à la
lune ne tient plus compte des personnages et de leur agitation. Verlaine
nous immobilise dans la contemplation d'un "clair de lune triste
et beau", préféré au "clair de lune de
Watteau" dans un premier écrit. La place de "triste"
qui précède "beau" marque une priorité.
Verlaine maintient la tristesse du décor et des personnages
commencée dans les deux premières strophes mais la mêle
d'une idée contraire, la beauté comme les romantiques.
Si dans les deux première strophes se manifestent la tristesse
et la joie, l'extériorité divertissante de la fête
et l'intériorité mélancolique des participants, dans
le dernier quatrain la beauté et la gaieté des jets d'eau
contrebalancent la tristesse du décor. L'ajout
(anadiplose) du substantif calme dans la reprise de "clair de lune"
puis de grands avec "jets d'eaux" donne au décor un élan
de majesté. A travers la nature qui se met alors à
"rêver" et les "jets d'eau qui sanglotent d'extase"
s'exacerbent la tristesse mais aussi le plaisir.
Ce
poème "clair de lune" annonce bien autre chose qu'un
moment paisible de la nuit et désigne plutôt un élément
poétique , une façon propre à Verlaine d'éclairer
les êtres, que l'on discerne mal dans l'obscurité. Le décor
de semi-obscurité ne sert à Verlaine que de tremplin
pour mieux propulser un paysage intérieur qui va de la tristesse
aux sanglots.
Fêtes galantes (1869)
Verlaine s'inspire pour son second recueil après les Poèmes saturniens de Watteau et des autres peintres qui, au XVIIIe siècle surtout, ont évoqué les plaisirs d'une société élégante et frivole.
Des métaphores
"Le paysage" est évidemment la métaphore de l'âme Le poète prolonge la métaphore en faisant de l'âme humaine un élément changeant, adaptable dans lequel chacun joue un rôle ou porte un masque.
Des imprécisions
A qui s'adresse Verlaine en débutant son poème par "votre âme" ? A un tiers, à une femme, à lui-même ou plutôt à tout le monde. Qui se cache derrière un masque ? Le même personnage ou chacun d'entre-nous ?
Ce qui fait le charme de ce poème, c'est son anonymat, une philosophie de l'existence, un thème largement humain.
" Clair de Lune " est publié la première fois sous le titre " Fêtes galantes " dans La Gazette rimée du 20 février 1867. Dans le même numéro de cette revue parait un autre poème
de Verlaine, "Trumeau", qui s'intitulera "Mandoline" dans l'édition définitive du recueil.
Dans l'ordonnancement définitif des 22 pièces qui composent les Fêtes galantes, " Clair de lune " ouvre le recueil.
Vocabulaire
Les Bergamasques
Les bergamasques sont à la fois les habitants de Bergame, en Italie, et les anciennes danses populaires particulièrement en vogue dans cette ville.
Arlequin et Brighella,
Ce sont
deux personnages de la Commedia dell'arte, nés à Bergame, étaient le plus souvent qualifiés de "bergamasques". Verlaine emploie le mot bergamasques non pas comme adjectif mais comme nom pour designer les danseurs. II a eu comme illustre prédécesseur Shakespeare qui, dans Le Songe d'une nuit d'été, a utilisé le mot bergamasque pour designer une personne.
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