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Le Décaméron est un recueil de cent récits de galanterie amoureuse écrites par Boccace entre 1349 et 1353
Poème :
Les indolents
" Les indolents" est le 18ème poème sur 22 de Fêtes galantes.
La liste des poèmes des fêtes galantes
- "Bah ! malgré les destins jaloux,
Mourons ensemble, voulez-vous ?
– La proposition est rare.
– Le rare est bon. Donc mourons
Comme dans les Décamérons.
– Hi ! Hi ! Hi ! quel amant bizarre !
– Bizarre, je ne sais. Amant
Irréprochable, assurément.
Si vous voulez, mourons ensemble ?
– Monsieur, vous raillez mieux encor
Que vous n'aimez, et parlez d'or ;
Mais taisons-nous, si bon vous semble !-
Si bien que ce soir-là Tircis
Et Dorimène, à deux assis
Non loin de deux sylvains hilares,
Eurent l'inexpiable tort
D'ajourner une exquise mort.
Hi ! hi ! hi ! les amants bizarres ! |
Poèmes des fêtes galantes
-Clair de lune
2-Pantomine
3-Sur l'herbe
4-L'allée
5-A la promenade
6-Dans la grotte
7-Les ingénus
8-Cortège
9-Les coquillages
10-En patinant
11-Fantoches
12-Cythère
13-En bateau
14-Le faune
15-Mandoline
16-A Clymène
17-Lettre
18-Les indolents
19-Colombine
20-L'amour par terre
21-En sourdine
22-Colloque sentimental
Extrait du mariage forcé de Molière
SGANARELLE. – Fille du diable ! Concubine du démon de la faillite ! Jusqu'à quand comptes-tu me saigner, me dépouiller de la sorte ?
DORIMENE. – Très cher époux, j'ose espérer que votre langage est totalement irréfléchi ! Je n'aimerais pas que notre mariage soit incommodé, sinon je saurais en référer à mon frère qui, je n'en doute pas, trouvera un arrangement à nos querelles.
La plainte de Tirsis
Poème de Marc-Antoine Girard de St-Amant (1594-1661)
Dans l'horreur d'un bois solitaire
Où malgré l'oeil du jour règne en tout temps la nuit,
Tirsis, loin du monde qu'il fuit,
Ne pouvant plus se taire,
Chantait en pleurs le doux et triste sort
Qui le livre à la mort.
Tirsis, laisse parler le vulgaire insensé
Poème de Charles-VION D'ALIBRAY (1600-1653)
Tirsis, laisse parler le vulgaire insensé
Et n'ecoute jamais sinon ta conscience,
Chez elle seulement est le siege dressé
Qui doit te condamner ou prendre ta deffense,
Tircis et Amarante
Jean De La Fontaine
Pour Mademoiselle de Sillery
..../.
Tircis disait un jour à la jeune Amarante :
Ah ! si vous connaissiez comme moi certain mal
Qui nous plaît et qui nous enchante !
Il n'est bien sous le ciel qui vous parût égal :
Souffrez qu'on vous le communique ;
Croyez-moi ; n'ayez point de peur :
Voudrais-je vous tromper, vous pour qui je me pique
Des plus doux sentiments que puisse avoir un coeur ?
Amarante aussitôt réplique :
Comment l'appelez-vous, ce mal ? quel est son nom ?
- L'amour. - Ce mot est beau : dites-moi quelque marque
A quoi je le pourrai connaître : que sent-on ?
- Des peines près de qui le plaisir des Monarques
Est ennuyeux et fade : on s'oublie, on se plaît
Toute seule en une forêt.
Se mire-t-on près un rivage ?
Ce n'est pas soi qu'on voit, on ne voit qu'une image
Qui sans cesse revient et qui suit en tous lieux :
Pour tout le reste on est sans yeux.
Il est un Berger du village
Dont l'abord, dont la voix, dont le nom fait rougir :
On soupire à son souvenir :
On ne sait pas pourquoi ; cependant on soupire ;
On a peur de le voir encor qu'on le désire.
Amarante dit à l'instant :
Oh ! oh ! c'est là ce mal que vous me prêchez tant ?
Il ne m'est pas nouveau : je pense le connaître.
Tircis à son but croyait être,
Quand la belle ajouta : Voilà tout justement
Ce que je sens pour Clidamant.
L'autre pensa mourir de dépit et de honte.
Il est force gens comme lui
Qui prétendent n'agir que pour leur propre compte,
Et qui font le marché d'autrui.
Plan
de commentaire
Les indolents sont le dix-huitème poème des fêtes
galantes. Le titre à lui seul indique des personnages mous, apathiques
qui parlent de façon nonchalante. Verlaine reprend dans ce poème
le même ton désabusé et désenchanté
de l'amour à travers deux personnages purement littéraires,
le berger Tircis personnage de Jean de La Fontaine et
Dorimène personnage de l'amour forcé de
Molière autour d'un tableau qui pourrait être "La Pastorale"
de Boucher. L'argent, qui est ici l'obstacle à
l'amour, était déjà celui de l'aristocrate Mathilde
de La Môle et du plébéien Julien Sorel,
dans le Rouge et le Noir comme celui de Mathilde de Fleurville et de Verlaine.
I- L'amour impossible
Ce poème en octosyllabes traite comme les autres poèmes
des fêtes galantes, de la recherche de l'amour vue de façon
tragique, les amours impossibles. Étrange comportement de deux
amants que de celui de vouloir mourir ensemble à la façon
de Roméo et Juliette, autre amour impossible en
raison de la rivalité des familles. "Malgré les destins
jaloux" donne tout de suite le ton du poème, celui de l'opposition,
de la résistance, avec la préposition malgré
que précède l'interjection "Bah",
de lassitude, de mépris, d'indifférence. L'opposition des
amants rappellent étrangement les rivalités des familles
qui s'opposent à des mariages qui ne correspondent pas à
leur rang social. La proposition surprend cependant l'amante qui manifeste
une sorte d'étonnement qualifiant curieusement la proposition de
mourir ensemble de "rare" au lieu de s'en offusquer.
Mais notre amant aligne ensuite plusieurs arguments en sa faveur pour
cette solution ultime, il n'y a aucun recours possible, c'est un amant
irréprochable et la solution de mourir ensemble pour "rare"
qu'elle est est une solution qui a du bon. Le poème
prend un tour autobiographique avec le verbe railler, l'amant excelle
dans la raillerie mais peu dans le jeu amoureux. L'amante reproche à
son amant de tout ramener à des questions d'argent et invite son
amant à se plus rien dire. "Taisons-nous", c'est par
cet impératif que l'amante sort de de son indolence
et sauve le couple de la mort.
II- Un dialogue galant pittoresque
Commencé avec le "Poème "Sur l'herbe", renouvelé
ici et poursuivi dans la seconde moitié du dernier poème
des fêtes galantes "Colloque sentimental", la forme du
poème en dialogue séparés par des
tirets donne à l'amour un caractère théâtral
de comédie ou de tragi-comédie. Avec cette
forme, l'accent est mis sur l'oral, le dialogue retranscrit
une conversation réelle ou fictive et à travers les deux
interlocuteurs Tircis et Dorimène, le poète nous transmet
toute sa mélancolie, sa désillusion, son manque d'énergie,
son apathie, il n'a même plus la force d'aller au bout de son projet.
En prêtant sa voix à deux personnages littéraires
Tircis et Dorimène, Verlaine fait sa propre mise en scène
dans un cadre bucolique et enchanteur d'elfes sylvains qui participe aux
débats amoureux et à la joie finale de l'amour enfin sauf,
et ils sont "hilares", un sentiment de joie extrême devant
des farces grotesques. On remarquera tout l'humour de
la proclamation grandiloquente de Tircis"Mourons-ensemble" que
l'on retrouvera écrit différemment dans le poème
"Lettre", "Je languis et me meurs, comme c'est ma coutume".
On remarquera également que le dialogue commence par l'amant lui
donnant une sorte d'initiative mais que c'est finalement
l'amante qui n'avait nullement l'envie de se sacrifier, n'en témoigne
le point d'interrogation après son "mourons ensemble"
qui aura le dernier mot.
III- Une tonalité aristocratique
Dans cette comédie de l'amour l'amante a les traits d'une femme
du monde respectable, elle s'adresse à son amant en le
vouvoyant ou en l'appelant "Monsieur". "Quel amant bizarre"
semble indiquer une femme frivole qui collectionne les
amants. La scène finale est l'occasion pour Verlaine de se féliciter
ses témoins gênants car par leur présence, les deux
êtres qui se trouvaient présents comme par enchantement
dans cet endroit isolé au cur de la nature, propice aux amours
l'a fait échouer dans son macabre dessein. Verlaine
n'a rien oublié de son chagrin d'amour pour Elisa quelques années
plus tôt, autre amour impossible en raison de son mariage. Le dernier
vers "Hi ! hi ! hi ! les amants bizarres ! répétition
d'un vers précédent dans lequel les a remplacé quel
au singulier traduit toute l'ironie de la comédie
amoureuse de la société dans laquelle l'étonnement,
le rire, sont des artifices pour éviter de répondre aux
questions embarrassantes. Verlaine, qui se méfie de la duplicité
féminine et de l'amour en général glisse " l'inexpiable
tort" pour traduire toute la difficulté du sentiment amoureux.
Conclusion
Verlaine s'interroge sur l'amour, sur les amoureux qu'il assimile à
des êtres passifs, indolents, soumis parfois à
des mariages arrangés par les familles. La réalité
lui apparaît comme un jeu de dupes dans lequel
les femmes peuvent présenter des apparences trompeuses qui induisent
en erreur les jeunes gens crédules ou ingénus. L'amant est
parfois assez naïf pour croire que son amante est capable de le suivre
sans réfléchir même dans la mort
ou alors trop indolent pour passer outre les difficultés.
Vocabulaire et personnages
Dorimène :
Nom littéraire emprunté au Mariage forcé de Molière, c'est une coquette promise à Sganarelle, le nom est fait d'une racine grecque qui veut dire cadeau. Dans le mariage forcé, c'est une coquette qui accepte volontiers les dépenses que font pour elle ses galants.
Tircis :
Nom littéraire fréquent au XVIIème siècle, c'est un beau berger, symbolise l'amour.
Bah :
Interjection, marque l'indifférence, le dédain. l'insouciance
Malgré :
Préposition, contre la volonté, le désir, la résistance de quelqu'un.
Indolent :
Mou, apathique.
Décaméron :
Recueil de comtes de Boccace qui fixa la prose italienne. Boccace (1313-1375) fait dans le Décaméron une peinture de mœurs du XIVème siècle. La Fontaine s'en inspira avec son illustrateur Jean-Baptiste Oudry. Le Décaméron est une suite de nouvelles, mais son succès est dû aux nombreuses illustrations que l'on trouve aussi chez Jules Verne.
Railler :
tourner en dérision.
Tircis et Dorimène :
Ce sont des noms purement littéraires attribués à des bergers. La Fontaine dans son poème Tircis et Amarante adressé à Melle de Scudery ridiculise notre pauvre Tircis car Dorimène en aime un autre Clidamant.
Sylvains :
De sylvia, la forêt, génie de la foret. Syn. elfe sylvain. Voir le seigneur des anneaux.
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